Couleur ...Dentelle

Elle peut-être fragile quand

la traverse, qu’elle la rende vulnérable, palpable, presque atteinte.

Elle est blanche ce soir mais sera sûrement noire demain quand d’autres dames se cacheront le visage pour que les yeux humides, tristes de la nouvelle ne se croisent.

Elle est douce quand sur la peau elle se glisse, s’enfile, se défait. Quand la main vient la froisser légèrement pour la faire sienne le temps du moment, de la rencontre, de l’interdit.

Regarde-là secrètement, sans montrer ta main qui, tremblotante, n’ose pas encore la toucher ce soir, ce premier soir.

Quand dans la pénombre d’un parking, elle devient coquine et se laisse approcher avec émoi dans le froid de l’hiver qui s’installe.

La main froide, la caresse n’en est pas moins chaude. Elle descend le long d’une jambe offerte, donnée, aimée, pour un instant de volupté arraché à la lune.

L’aimes-tu aussi quand elle est blanche et immaculée, première douceur d’une féminité qui commence à jaillir, d’une première main qui empoigne.

Cachée sous la robe, elle se fera discrète et elle choisira de la dénuder ou pas quand l’amour sera là ou que l’envie n’animera.

Elle est alibi quand enfant tu voudras encore demeurée, quand elle sera robe longue et col officier.

Elle devrait rimer avec tendresse et ivresse, il lui manque la liesse peut-être ou simplement être enchanteresse et non plus terrestre.

Ses ailes qui la terminent pourraient alors s’envoler avec délicatesse et aller chercher la caresse.

Tu murmures dans le noir quelques délicatesses qui rendent la matière noble et divine.

Divine la lune qui épie ce soir deux amants épris de leurs sens qui se roulent dans la matière douce et fragile.

Tu ne la range pas, ne la fuit pas, ne la partage pas. Elle est tienne et te colle à la peau, ta seconde peau qui, douce et transparente, te laisse te deviner.

Tu es offerte alors, sans protection, nue sous le tissu d’étoffe que tu auras choisis avec émotion.

L’émotion de ce soir, l’émotion du soir d’avant, l’émotion attendue, souhaitée, désirée, si fragile.

La couleuvre sera passée pour cracher ailleurs et laisser le tissu redevenir doux et tendre.

Un rien ne l’habille, si ce n’est cette matière si fragile et pourtant porteuse d’espoir et de vie.

L’ombre se glisse entre les dessins formés par une main bâtisseuse, l’avenir peut alors commence à se deviner entre la maille.

Elle est dentelle , belle, sensible et fragile mais l’ombre saura se glisser là et là aussi…