Couleur...Tulipe

Ephémère, lumineuse, colorée, fragile, tu te dresses dans ce matin qui s’éveille et tu ne survivras au temps que quelques jours.

Tu sauras être ce temps durant beauté et grâce.

Frêle tu parais mais tu es robuste quand le vent souffle encore et le soleil ne chauffe pas assez.

Tu n’aimes point être exposée , sous le feu des projecteurs, tu te fanes alors que d’autres aimeraient qu’on les flattes et les applaudisses.

Tu n’as nul besoin des autres pour t’ouvrir en silence, cachottière et surprenante.

Quand ce matin mi gel mi chaud pointe, tu pousses tranquillement en silence et tu peux surprendre le petit matin par ton parfum silencieux que tu laisses se propager pour qu’il se partage et éblouisse le passant.

Celui qui aime la quiétude de l’aube et celle qui guette la lune qui se voile.

Tu es la plus colorée ce matin quand des pas te surprennent au coin d’un chemin de traverse qu’aime à prendre ces hommes et ces femmes qui veulent eux aussi rester anonymes.

Te cueillir serait te faire souffrir. Pourquoi t’enlever à cette terre qui te nourrit et dans laquelle tu as pris racine.

Les racines sont un socle, une bouée pour certains êtres fragilisées par les épreuves , les drames et les doutes.

Tu survivras que si peu de temps cueillie et abandonnée sur une table, à moins qu’un doux sourire vienne te voir t’enorgueillir, dommage non.

Reste ici encore, reste que je t’observe, que je te frôle délicatement d’un souffle pour que la magie opère et vienne toucher mon âme.

Je m’allongerai tout près de toi et nous chanterons ensemble à attendre la pluie qui glissera sur nos peaux pour que nous puissions frissonner légèrement à ce bonheur soudain, salvateur.

Je pourrais alors m’en aller sur la pointe des pieds et revenir le lendemain voir si tes pétales rayonnent encore, si le jaune et le rouge s’enlacent dans a valse des minutes précieuses quand on vit si peu longtemps.

Qu’est-ce-que le temps quand la beauté s’y incruste ?

Je ne me lasse pas , chaque saison nouvelle, de t’attendre et de confier mes nouveaux doutes et ma folie d’aimer les couleurs et de les préférer au bruit et au remous.

Je ne veux pas partir et t’imaginer être agressée pour ta beauté.

Alors je m’allonge et m’endors tel la gardien d’un trésor.

Personne ne viendra nous déranger dans la quiétude de ce jour de printemps, annonciateur du renouveau, de l’imprévu, du possible.

Le possible d’un lendemain où tu auras résisté un peu encore, sans trop flancher.

Je suis un peu toi, là à cet instant éphémère…

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