Couleur...brouillard

Surprenant, saisissant au réveil lorsqu’il te faut sortir et l’affronter, il t’offre un spectacle flou qui embrume les yeux et t’offre ton premier frisson.

Tu t’y glisse sans hésitation avec le pas décidé d’un début de journée qui offre encore le temps de penser que tout est possible, tout se dessine, tout s’espère.

Tu te surprends à aimer ce temps figé, à imaginer le traverser et apercevoir une ombre ou une silhouette.

Il fait jaillir de sa brume l’inattendu et la surprise.

Il te laisse un fil doux et humide sur ton visage qui s’éveille encore et se montre prompt à aller, à avancer.

Ne pas se retourner au risque de ne plus se retrouver. Avancer pas à pas, lentement, aller à son rythme sans y ajouter une once de stress ou d’impatience ;

Le jour peine à sortir de ce manteau qui l’a délicatement enveloppé, il se fait timide ce matin prolongeant ainsi la quiétude de la nuit, celle qui est propice au possible, au rêve.

Tu te laisses donc guider en ressentant, parfois, un peu d’inquiétude face à ce lointain qui ne se découvre pas et qui peut être anxiogène car ouvert au fantasme.

Il est encore l’heure d’imaginer sans savoir, de ne pas prévoir et de se dire que derrière, tout à l’heure ou plus tard, cette heure ne reviendra pas et laissera ce souvenir d’une balade dans la brume d’un petit matin ordinaire mais différent car c’est un nouveau jour.

Chaque  nouveau jour est joie, une victoire sur le temps, ce temps qui file et nous arrache aux bons moments.

Savoir alors profiter de ce jour, de cet après, imprévisible, doux ou dur mais qu’il t’a laissé le bonheur de dessiner.

Cette brume du tout est possible, celle-ci même que d’autres tentent d’éviter voir de fuir.

Apprécier la différence d’un matin qui ne ressemble pas à celui de la veille et qui se veut être unique pour te dessiner un joli sourire.

Tu es seule avec lui, sans bruit. Seuls tes pas résonnent sur cette terre que tu aimes tant fouler et que d’autres ne respectent plus beaucoup.

Tes chaussures font légèrement crisser le sol qui s’ouvre aussi à ce nouveau jour.

Tu aimes être là, à cet instant et la brume est ta compagne du matin.

Nul besoin d’autres stimuli, de bruit ou de mot.

Tout est là, dans ce spectacle d’un matin de fin d’hiver qui annonce d’autres jours bourgeonnants où la nature s’éveillera encore et demandera ton attention.

Humble , respectueuse, tu te glisses dans ce manteau qui te cache du monde, celui qui , parfois, est violent quand il devient stress et agression.

Souhaiter qu’il ne se lève pas trop vite, qu’il te permette de poursuivre encore quelques pas dans son doux costume.

Avoir la tête dans le brouillard, c’est aussi exutoire…