Couleur...Montagne

S’en approcher lentement, doucement, pour espérer la toucher, caresser sa dentelle qui laisse apparaître ses contours imparfaits et énigmatiques, mystérieux.

Elle se dresse fièrement face à toi Tu es si petite à côté de son immensité.

Elle pourrait t’engloutir, te faire peur, t’obliger à fuir. Tu es attirée par sa force et son magnétisme. Telle l’enfant que tu étais, que tu demeures, tu la veux tout à toi, égoïstement, entièrement.

Ouvrir les yeux et l’admirer sans compter les heures, l’aimer à l’aube quand les rayons du soleil ne l’ont pas encore réchauffée, l’admirer au coucher du soleil quand celui-ci se cache derrière elle pour la laisser à l’obscurité.

S’étendre sur sa roche, blanche ou noire, qui t’enveloppe de sa force.

Crier en se relevant pour que l’écho te revienne et explose dans le néant.

Glisser en ayant peur de ne plus te relever. Murmurer à sa pierre tes joies et tes peines et les laisser là, où personne ne viendra les chercher.

Ne plus avoir peur du vide et fermer les yeux encore pour t’imprégner de son parfum et ne pas chercher à l’apprivoiser mais la laisser t’offrir un spectacle renouvelé chaque jour, plus surprenant, plus envoûtant.

Grimper à en perdre le souffle, s’arrêter un peu, puiser dans ton corps force et courage, aimer sans limite.

Elle se dresse là et là aussi, face à toi, derrière toi, sous le soleil ou la pluie.

Parfois le vent t’y pousse ou t’empêche de l’atteindre. Tu lui souris alors car tu la sais imprévisible et surprenante.

Jamais décevante, elle ne trahit rien, ni personne. Elle reste là, à regarder le temps, à garder les secrets du temps.

Les animaux la respecte et la vénère. Elle leur offre hospitalité et bienveillance. Elle est eau et pierre.

Quand elle gronde, elle peut s’effriter mais reste debout et fière de ce qu’elle est, une grande dame  à respecter.

Elle m’offre le calme qui manque au quotidien citadin et me ressource en me libérant du stress.

Ne jamais vouloir la dominer mais la caresser avec douceur et amour ;

Dessiner ses courbes avec ses mains et en imaginer les contours les yeux fermés quand l’agitation se fera à nouveau jour.

Ne pas oublier sa beauté et avoir encore le souffle coupé lorsqu’elle ressurgira face à toi, demain, après-demain.

La partager en décrivant ses couleurs et ses formes.

La laisser doucement, partir sur la pointe des pieds pour ne pas l’abîmer, pour ne pas pleurer.

Se retourner encore, ne pas oublier, rêver.

Y revenir aussi, quand le temps du possible sera revenu, quand l’avenir se dessinera en dentelle.

La pierre , l’eau, pour uniques compagnes, salvatrices, magiques et éternelles.