Couleur...refuge

Il y a des petits endroits de rien, refuges dans lesquels tu aimes te perdre, t’endormir, rêver.

Ce petit lieu où tu pourrais les yeux fermés effleurer chaque page de papier glacé, chaque mot résonnerait alors dans ta tête, te ramènerai dans un passé proche ou très lointain dans l’enfance. Un instant, tu aurais 6 ans et apprendrai avec Emilie à lire des syllabes, puis des phrases, instants magiques, uniques que j’aimerai tant revivre pour simplement ressentir ce plaisir d’accéder à un des plus beaux apprentissages, celui qui te permettra d’affirmer tes idées et tes idéaux et d’y ajouter des rêves.

Avoir 20 ans à nouveau, relire Zola, aimer à nouveau Etienne ; Fermer les yeux et l’imaginer tel qu’il t’apparaissait dans tes rêves de jeune fille. Imaginer sa peau dorée par le soleil et ses muscles t’enlaçant quand tu aurais froid.

Retrouver le délice de ne pas s’endormir, de lutter contre le sommeil, d’oublier de réviser sa philo ou son histoire pour imaginer encore, apprendre, comprendre, envier, désirer et succomber.

Tomber amoureuse de lui, de celui qui sait manier la langue Française en y apportant fantaisie et émoi. Une plume qui te caresserai le visage puis le corps, qui glisserai pour te montrer le chemin du plaisir et la volupté.

Lire, aimer caresser le papier, attendre que la page se tourne pour en recommencer une autre.

Aimer cet instant et le rendre éternel en parlant de lui, en le dictant, en le mémorisant. Le jouer aussi, mimant ou chantant. Les mots virevoltent, ils se mêlent, se conjuguent et s’enfuient aussi.

Ils sont moi, ils me portent et se cachent dans ce petit corps qui tremble parfois en n’osant pas , en ne dévoilant pas.

Les regarder dormir puis s’agiter. Les observer se battre pour être appris, compris, joués.

Aimer imaginer qu’ils sont infinis, qu’ils s’ouvrent pour tous, qu’ils touchent le cœur et l’âme d’un ami, d’un inconnu.

Partager son émoi, te murmurer qu’il y a plusieurs mots pour décliner le verbe aimer, que le mot sera toujours magique lorsqu’il est composé, subjugué, posé sur une feuille blanche.

Qu’il faut s’y plonger, s’y abandonner sans filet pour ressentir et avoir envie d’y retourner encore .

Ne jamais être las, savoir que le mot ne te quittera plus, t’accompagnera là où tu iras sur le chemin des rêves et des envies.

Le dire à l’autre, lui donner ce petit mot le matin ou le soir, jusqu’à ne plus le lâcher.

Il se glisse là et ici, il est parfois trop, il se lit, se parle, se partage.

Il ne me quitte plus, fidèle à mon âme dévouée à Emile, Honoré, Stephan et Paulo.

Ils sont là auprès de moi, me font de l’oeil encore, même après les mots de rupture et les séparations.

Ils ne trichent pas, vieillissent dans le silence de mon petit endroit refuge où personne ne s’aventure à part moi et les mots qui virevoltent autour.

Petits mots, livres d’avant et d’aujourd’hui, laissez encore de la place …ma tête et mon corps n’ont pas dit leur dernier mot…