Couleur Lettre...

Parfois le matin réserve de belles surprises, …tourner la tête et s’étonner, sourire à lire quelques mots sur une camionnette jaune d’un service public bien connu…être inspirée d’un coup, avoir envie de se replonger dans l’écriture…de recevoir oui cette belle et bonne surprise qu’est La Lettre !

Ah, qu’il fût bon ce temps où je passais des heures et des heures de cours à griffonner mes états d’âme d’adolescence, mes coups de cœur ( oui mon cœur était très artichaut !), mes coups de colère ( déjà très engagés ) à ma tendre et douce Amie ( elle se reconnaîtra) qui s’empressait de faire de même. Ma cave renferme encore en ses cartons tous ces petits bouts de rien mais de tellement beaucoup qu’ils refont surface à cette surprise « lecture » matinale !

Et puis il y a aussi ces lettres d’amoureux qui maladroitement pour certains, plus affirmés pour d’autres , avec ou sans fautes ( je préférai déjà sans ), plagiant parfois des auteurs ( que je connaissais ) ou osant s’aventurer dans le champ de la créativité m’offraient des moments délicieux ( et oui) de rêves et d’imaginaire ( qui m’auront conduit aussi jusqu’à la femme d’aujourd’hui). J’aimais ces écritures, ces courbes, ces ponctuations, ces questions, ces déclarations. J’aimais y répondre, parfumant parfois le papier, m’amusant aussi à y déposer des lèvres colorées pour rendre les mots vivants, porteurs d’odeurs et de sentiments.

Vous avez raison Madame du Service Public, il faut le faire savoir qu’oublier ces lettres, c’est perdre de beaux sentiments...l’attente, le désir…ah ce désir si cher à mon être, si fragile et si complexe. Mais oui, c’est dans les lettres qu’il me paraît peut-être le plus juste, le plus enclin à me faire rougir.

Repenser à Zweig et sa « lettre à une inconnue », émoi littéraire intense , inoubliable, éternel.

Imaginer Madame de Sévigné se pencher sur son secrétaire et dicter son cœur à sa fille. *

Se rapprocher de Choderlos de Laclos et de sa façon de graver les mots sur la chair.

Frémir au souvenir des lettres de Musset à Georges Sand.

Ressentir de l’émoi, du désir et du plaisir simplement à imaginer ces inconnus écrire, espérer, ressentir et aimer.

Un petit rien matinal peut éveiller les mots. Cette lettre vous est ouverte.

« Le désir comme un feu de fougères de novembre grésille… » Alfred de Musset